lalibre.be Ni examens de Noël ni points, ce collège a révolutionné son système d'évaluation des élèves: "Un choix qui n’est... Monique Baus 4–5 minutes
Pour Benoit Gallez, le directeur du Collège Saint-Michel (Etterbeek), la suppression des examens de Noël répond à une logique économique. “Elle nous fait gagner beaucoup de temps et d’énergie à consacrer à autre chose, affirme-t-il. Aujourd’hui, ce choix n’est plus remis en cause par personne.”
Quand et pourquoi avez-vous supprimé les examens de décembre ?
Le débat vivait depuis une dizaine d’années quand on a tranché. C’était pendant la crise sanitaire. Précédemment, nous avions déjà décidé de réduire la session de Noël à cinq jours, pour ne pas qu’elle prenne trop de temps. On n’évaluait plus que les matières données au moins quatre ou cinq heures par semaine. Finalement, nous avons opté pour une évaluation continue. L'évaluation est organisée tout au long de l’année, chaque fois qu’une partie de matière est terminée. Ce changement a apporté beaucoup plus de sérénité. Les profs ne sont pas obligés de mettre le turbo pour tout boucler avant les examens. Du temps est récupéré pour les apprentissages, comme pour les conseils de classe. Ces derniers sont très importants. Nous y consacrons toute une semaine, pour examiner en profondeur le cas de chaque élève qui le requiert, comprendre les raisons de ses difficultés, chercher des solutions. Les examens de Noël condamnés ? Pas si vite, certaines écoles font encore de la résistance
N’avez-vous pas rencontré d’opposition ?
C’est le cas pour tout changement… Ceux qui critiquaient s’inquiétaient notamment du fait qu’on ne préparerait plus les élèves pour les examens à l’université. Mais c’était une erreur de croire qu’une session de Noël remplissait un tel objectif. Dans le supérieur, les examens sont tout à fait différents. Il y a un blocus et les épreuves ne sont pas quotidiennes avec un demi-jour pour s’y préparer. Bref, cet argument a été balayé… Et puis, comme toujours, il y avait ceux qui auraient préféré qu’on fasse comme on avait toujours fait.
Avez-vous pensé revenir en arrière ?
Non. Et personne n’y pense plus. Les avantages sont trop importants.
Conservez-vous malgré tout des examens de fin d’année scolaire ?
Oui, mais ils ne sont pas plus importants que les évaluations du reste de l’année.
Comment sanctionnez-vous les évaluations : avec des points ?
Non. Déjà quand j’étais élève ici, on nous décernait des lettres : R (remarquable), TB (très bien), B (bien), S (satisfaisant), I (insuffisant) et NI (nettement insuffisant). C’est beaucoup plus subtil que des chiffres. Deux exemples. Avec des points, un élève qui obtient 51 % pense qu’il a réussi et celui qui a 49 %, qu’il a raté. Leurs résultats sont-ils si différents ? En outre, sur des matières essentielles (la conjugaison d’avoir et être, par exemple), je considère personnellement que 70 % ne suffit pas, contrairement à ce que semble dire la cote. Enfin, j’ajoute un autre avantage de l’évaluation sans points : elle permet la réussite, même à un élève qui a été en difficulté pendant une grande partie de l’année, là où de mauvais résultats chiffrés deviennent impossibles à rattraper à un moment. L’année passée, nous avons introduit une autre nouveauté pour le premier bulletin. Nous nous y focalisons uniquement sur la façon d’apprendre. L’élève reçoit un commentaire et un code couleur : vert, orange ou rouge.
Les élèves ont-ils été décontenancés ?
Oui, bien sûr, surtout les plus grands. Mais c’est important d’évoluer sur ces questions. À quoi sert d’évaluer ? Que cherche-t-on à savoir ? Et comment agit-on ? L’évaluation n’est qu’un thermomètre : on ne peut pas se contenter de constater qu’on a de la fièvre et ne rien faire. Je trouve incroyable que ces réflexions soient complètement absentes de la formation initiale des enseignants, même après la réforme… Les examens de Noël ont disparu pour une partie des élèves
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