J'aime travailler dehors. Je pense que c'est le premier facteur qui m'a poussé à la reconversion.
J'aime beaucoup réfléchir à ma plannification, optimiser ma production. Réussir à caser une trentaine de légume en optimisant à la fois la produciton et la place prise, et surtout le temps de travail, c'est un très grand challenge. Je n'ai jamais eu besoin d'autant de technicité et de reflexion que depuis que je fais du maraichage !
J'aime bien pousser des brouettes de bois, mon apport principal. Je les charge pas trop, c'est pas trop physique, c'est répétitif et simple donc je peut me perdre dans mes pensées, et j'ai l'impression de vraiment apporter la vie dans mon champ (le bois est souvent rempli de vers de terres).
J'aime beaucoup toute la partie pépinière. C'est la partie ou on donne la vie, et surtout la partie ou on a pas encore de problème de maladies ou de ravageurs
J'aime bien le fait d'alterner les activités. Du fait de la diversité sur la ferme, il est rare que je fasse plus de 2-3h une activité. Ca permet de ne pas se lasser, et surtout de fatiguer des muscles différents à chaque fois.
Je n'aime pas le fait que parfois, on peut mettre beaucoup de temps de travail sans résultat, sans que ça soit pour autant de notre faute (culture perdue à cause d'un ravageur, aléa climatique, ...), mais j'accepte que ça fait partie du métier. Et j'aime encore moins rater une culture sur laquelle j'ai pas mal travaillé, juste parce que a un des derniers moment clé je n'ai pas eu le temps d'intervenir.
J'aime surtout que mon métier ait un sens. Je touche ce que je produit, je sais pourquoi je travaille (pour nourrir bien une population locale), et j'ai l'impression de gagner honnêtement ma vie.
Je n'aime pas faire trop de manutention. Notamment ranger les grosses récoltes (patates, courges) à la cave, et devoir les ressortir régulièrement (la cave ou je stocke est actuellement assez loin de mon endroit de distribution).
Et étonnamment, je n'aime pas trop la récolte. Beaucoup de gens serait content de récolter le fruit de leur travail, mais pour moi, c'est souvent une étape ennuyeuse, il n'y a plus vraiment de challenge (ça ne va pas s'améliorer), c'est souvent assez physique, et c'est aussi là qu'on se rend compte des mauvaises surprises (bno, on est aussi surpris en bien ;) )
A l'exception de la comptabilité, que je trouve intéréssante (même si c'est pas mal de travail) et très importante, ainsi que reprendre mes notes et réfléchir à la plannification, je n'aime pas le travail administratif. C'est toujours plus long que prévu, et on a pas l'impression d'avoir vraiment accompli quelque chose de concret à la fin
Certaines fermes sont légèrement mécanisé, et utilisent donc un motoculteur agricole (outil plus poussé que ce qu'on appelle communément un motoculteur, qui est en fait une motobineuse). Le tracteur est un outil incroyable, qui permet d'augmenter de beaucoup la capacité de travail. Mais le tracteur a un coût, ainsi que les différents outils attellés. Et donc pour compenser ce coût, il faut être plus grand. Donc on réduit le travail grâce au tracteur, mais on augmente la surface et donc le travail pour pouvoir se payer ce même tracteur (surtout que le tracteur n'accompli pas toutes les tâches !). Suivant comment on gère son modèle, l'équilibre n'est pas toujours en faveur du tracteur
Dans mon cas, travailler sans tracteur me permet d'avoir moins de charges, et donc de pouvoir produire (et donc vendre) moins de légumes pour me payer. Ca me permet également d'avoir une ferme plus ergonomique. Un tracteur a souvent un empattement et des outils pour travailler sur des largeurs autour de 1,2m. Mais une planche de 1.2m c'est pas ergonomique, pour désherber au centre, il faut une allonge de 60cm, ce qui fait plier le dos trop loin. Chez moi, les planches font 80cm de large, c'est beaucoup plus reposant (et plus simple à enjamber). D'ailleurs, ceux qui font le choix du motoculteur le font souvent parce que un motoculteur agricole a des outils en 80cm. Je suis également beaucoup plus dense en plantation. Par exemple, je passe 3 à 4 lignes de poireaux sur 80cm, là ou en mécanisation, on passe généralement que 2 lignes, car on désherbe en binant avec le tracteur, qui n'est pas aussi précis qu'un désherbage manuel.
Comem je travaille pas le sol, les outils que le tracteur replacerait serait surtout la brouette (je fais beaucoup d'apport, tout à la brouette, qui pourraient être fait avec une benette derrière un tracteur plus rapidement), tout ce qui est désherbage (mais je serait moins dense) et le rateau pour buter les planches (serait beaucoup plus simple et rapide avec une butteuse). Le tracteur peut également servir au transport de charges (notamment pour les récoltes).
En maraichage mécanisé, on peut pas se permettre de passer autant de temps par m2 sur sa ferme, et donc de "chouchouter" autant ses légumes et surtout son sol, car on est forcément sur une plus grande surface. Et comme dit plus haut, on ne peut pas être aussi dense en plantation. Par contre à la main, je suis limité dans la quantité totale de légume que je peux produire, car si j'augmente trop ma surface, je n'ai vite plus le temps de préparer des des planches, ou désherber, qui sont des opérations beaucoup plus fastidieuses à la main que en mécanisé.
Mais le sujet sur lequel je me limite le plus du fait de la non-mécanisation, c'est les engrais verts. Les engrais verts sont des cultures non commercialisées que l'on implante entre 2 cultures avec pour but d'améliorer le sol et d'éviter l'enherbement en couvrant le sol d'une culture que l'on sait facilement enlever. Le problème étant que les techniques pour enlever ces engrais verts à la fin sont souvent basées sur la mécanisation (souvent un léger travailler du sol entre autre, ou sinon un écrasement mécanique de la culture). Et ces techniques seraient très fastidieuses à transposer à la main, et je risquerait d'être au final embêté par cet engrais vert dont je n'arriverais pas à me débarrasser. Donc pour l'instant, outre le fait que j'enchaine les cultures pas mal (donc je laisse pas vraiment le temps aux adventices de pousser) et que je fais des gros apports de bois (donc j'enrichi le sol), j'utilise des bâches plastiques pour couvrir et éviter l'enherbement pendant l'inter-culture