De nos jours, syndicat et grève forment un couple indissoluble et inégal. Le syndicat a l’initiative et la maîtrise ; les actions nées hors de lui paraissent sinon suspectes, du moins inquiétantes, signes de malaise plus que gage de santé. Dans la gamme étendue de ses activités, où les fonctions de représentation, de négociation, de bargaining, sont devenues primordiales, la grève n’est que seconde, subordonnée, d’aucuns disent mineure. Mai 1968, irruption de la « base », surrection du désir, a constitué une rupture provisoire d’équilibre dont il est encore difficile d’apprécier la portée : résurgence sans lendemain ? Sentinelle de nouveaux comportements ? Pour le présent, le syndicalisme gouverne.
Aux origines du syndicalisme, la situation est toute différente. La grève règne. Forme majeure du mouvement ouvrier, elle est l’expression directe, non méditée, du mécontentement ou de l’espoir d’en bas. Elle n’est pas nécessairement liée à une organisation : 41 % des conflits ici étudiés n’en comportent aucune trace particulière, pour la plupart, il est vrai, grèves subites, bref feu de paille auquel le temps a manqué. Leur lueur laisse entrevoir de fugitives silhouettes, qui prêtent leur visage et leur voix à la révolte ouvrière : la leur. C’est l’ère des « meneurs », ardents mais éphémères, vite usés, vite renouvelés, sans projets comme sans prudence, aux antipodes du « permanent ».
Dans le cas de grèves organisées, néanmoins majoritaires (59 %), la grève commande à l’organisation ; elle sécrète ses propres formes ; le syndicat lui-même n’est souvent que sa créature, né par et pour elle, vivant de son succès, mourant de son échec ; et s’il tend à s’affranchir de sa tutelle, à s’affermir, c’est encore pour mieux servir les nécessités de son assomption dans la grève générale.
Perrot, M. (2001). "Chapitre II. La conduite de la grève : les organisations" dans Les ouvriers en grève. Tome 2. Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales, Éditions Mouton, Publications de l’École Pratique des Hautes Études.
Je n'ai pas de propos tout fait particulier à avancer, que ce soit pour la spontannéité totale, ou pour un centralisme absolu. Juste que c'est bon à savoir ce qui a pu se passer, et que la grève n'est pas qu'une décision qui vient d'en haut.

Les logiciels libres, en tant que code, sont des communs soit déjà transnationaux, soit ayant le potentiel de l'être. Il faut pas que la volonté de boycott se transforme en campisme. En revanche, le travail de production de ce code peut être soutenu par des entreprises ou des "non-profits" à l'état d'esprit très entrepreneurial, et tu peux te dire que tu ne veux pas les soutenir, surtout si comme mozilla ou wikipedia leurs conseils d'administration s'en mettent plein les fouilles. D'un autre côté, lae dev qui met son code sur github et demande $5 sur "buy me a coffee", c'est pas du tout la même chose.